mardi 6 juillet 2010

B2. L'HELICOPTERE de JAIPUR (07.07.2010).


L'HÉLICOPTÈRE de JAIPUR



Je m'habitue lentement à Jaipur.
Dès les premières heures, on est pris à la gorge par la chaleur de juillet, le chaos de la circulation, la pollution, l'agressivité des chasseurs de touristes...

- "Hello, sir ! A rickshaw, sir ?"
Pour la centième fois de la matinée, un pirate de
Jaipur tente un assaut.
J'ignore celui-ci, comme ses collègues en abordage.
En général, c'est efficace.

Mais la ténacité endiable ce frelon.
- "Only 20 roupies per hour, sir !"
Ce prix n'est qu'une accroche.
Si le client fait mine de s'intéresser, il est ferré, soumis à un baratin implacable. Englué dans ce piège verbal, il peut difficilement se dérober.
Le conducteur ne respectera pas ce prix. Sans compter d'autres inconvenues...

Je ne le regarde pas, traverse une esplanade près du
City Palace, que je viens de visiter.
- "Sir ! Only 20 roupies ! I`am a helicopter, only for you !"
Je parviens à ne pas éclater de rire. Ce forban est dangereux.

Essayons quelques techniques éprouvées.
Je traverse la rue pour marcher du côté opposé.
Je recommence plusieurs fois.
Mais l'hélicoptère m'imite, se maintient à ma hauteur et continue sa logorrhée...
- "It's not the good direction, sir ! I can help you ! You need my helicopter !"
Les rues du quartier sont trop étroites.
Pour semer un véhicule, une large route est nécessaire.
L'idéal étant deux rues à sens unique, séparées par une barrière centrale.
Le chasseur doit renoncer alors à son sport favori.

Par chance, j'entre dans un temple de
Devi.
Sous un portique, une dizaine de personnes assistent au sermon d'un prédicateur, accompagné de temps en temps par deux musiciens.
Je m'assieds contre un pilier, ferme les yeux, me repose un quart d'heure.

Je ne pense plus au
rickshaw wallah, mais aux endroits où j'aimerai errer vers le nord, quand j'entends :
- Hello, sir ! And your helicopter ? I can show you every thing in Jaipur !"Quelle sangsue !
La légitime défense s'impose...
Laissons-lui une dernière chance avant de riposter.

Continuant à l'ignorer je marche tranquillement, change de trottoirs brusquement, traverse des lieux encombrés.
Intarissable, il me tanne avec ses "20 roupies de l'heure".
Il ne tient aucun compte de mes avertissements non verbaux, mais très clairs.

Ma colère, qui s'est lentement
accumulée, explose soudain.
Je me tourne vers lui, lui parle pour la première fois :
- Go away ! I'am fed up with you ! Good bye !"
C'est un
grand-père à moustaches de vélocypédiste, habillé à la rajasthanie.
Avec un bon visage de bandit du désert de Thar.
Mais il s'enferre dans ses arguments à répétition. Difficile d'être plus obtus.
Réveillons sa psychologie...

Je m'approche, le menace du poing :
- "Let me immediatly ! Go away ! Or I will hurt you !"
Un passant s'est arrêté pour jouir du spectacle.
Cette fois,
l'hélicoptère a compris. Sans un mot, il rebrousse chemin.
Je fais un geste de soulagement au passant, qui sourit d'un air entendu.

Lionel Bonhouvrier.

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